E.T.A : La nouvelle quête du Graal de Nico !
Nicolas Sarkozy... Ou la guerre ouverte contre l'E.T.A.. Rappelons que ces trois initiales font référence à une organisation armée basque indépendantiste révolutionnaire. Il leurs est arrivés de revendiquer en France et en Espagne des attentats sanglants ou du moins d'en être présumés auteurs.
Merci Monsieur Sarkozy. Nous ne le savions pas déjà. Grâce à vous, ce matin nous avons enfin été sensibilisés à cette dure réalité... Nous sommes tous en danger, y compris nos policiers, incapables de se déplacer sans prendre le risque de se faire agresser par de méchants malfrats armés jusqu'aux dents, prêts à faire feu, et à oublier qu'ils s'adressent à notre police nationale... Suréquipée, soutenue, travaillant dans un climat serein, socialement et politiquement apaisé...
Et grâce à vous, et votre énième intervention, SUR LE TERRAIN, en grande pompes, au commissariat de Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne), en pleine action médiatique... Nous pouvons nous émouvoir des méthodes de ces groupuscules minoritaires, et non moins néfastes pour les sociétés démocratique.
Quel champion de la gesticulation nous avons là... Devançant et créant la polémique et l'information essentielle, en ces temps de crises politiques, de crises électorales, à l'aune d'une cuisante défaite pour une majorité en difficulté (régionales 2010 obligent, et de surcroît annoncées par notre Prince comme des élections d'intérêt national).
Monsieur le Président, que cherchez-vous à dissimuler... Pour quelles raisons vous êtes-vous donc déplacé dans le département où ce policier a été assassiné ? Injustement assassiné, certes. Mais dans l'exercice de ses fonctions, alors qu'il pratiquait un banal contrôle d'identité sur une personne, malheureusement pour lui, membre de l'E.T.A., en fuite, dangereux, armé, capable de tuer.
Sans vous Monsieur le Président, nous n'aurions sans doute pas su que ce métier était dangereux. Mais il me semble que ces agents de police que nous évoquons, parfaitement formés, courageux, motivés, passionnés, sans doute mal considérés, à tous égards, mal rémunérés, n'en sont pas moins conscients des risques qu'ils prennent chaque jour, au cours de leurs missions, en civil ou en uniforme. Dans le cas contraire, ils seraient sans doute boulanger ou sage-femme, ou que sais-je encore.
Votre intention Monsieur Sarkozy n'est-elle pas finalement, au contraire de nous ouvrir les yeux sur un monde [soi-disant] violent, de guerre perpétuelle de tous contre tous, d'instiguer un climat d'insécurité qui n'existe pas dans la réalité, ou du moins de la manière que vous décrivez avec tant d'effroi, vous et vos caporaux. Notez que vous avez obtenu tout de même de bons résultats dans cette entreprise, à coups d'opérations hyper-médiatiques, telles que celle-ci à Dammarie-les-Lys.
Président, homme d'État partiel, ou candidat en perpétuelle campagne, à la recherche d'un soutien de l'opinion publique, à défaut de soutien électoral... Votre seul ressort : la peur, l'émotion vive que l'on peut ressentir à chaque fois qu'un être humain est assassiné, torturé, violé...
Plutôt que de faire confiance aux institutions, aux acteurs de la vie sociale, à vos compatriotes, vos concitoyens, à tous ceux qui font partie intégrante de la société et qui la régissent finalement depuis toujours et SANS VOUS... Au contraire, vous vous mettez en lumière, tentez de vous rendre indispensable là où vous n'êtes qu'inutilité et impuissance. Alors même que les analystes et commentateurs des premières heures vous annonçaient comme le Président du "vouloir" (à défaut du "pouvoir"...), par votre style et vos méthodes, vous ne démontrez que l'impuissance du politique face aux grands enjeux actuels.
Ici encore, vous vous mobilisez médiatiquement, endossant le costume du "pompier de service". Mais, en l'espèce, qu'allez-vous faire pour ce policier décédé ? Si ce n'est de mettre une pression démesurée sur les équipes d'investigations et anti-terroristes, puisque vous avez annoncé un "châtiment" exemplaire face caméra, tel un juge-bourreau ou bourreau-juge, comme vous préférez. Et comme vous y allez encore en annonçant d'ores déjà une prochaine réforme pénale, à chaud, à partir de ce fait divers isolé, promouvant des peines "perpétuelles" pour tous ceux qui oserait "insulter, blesser ou tuer" des agents d'État... Sacralisant davantage un acte déjà répréhensible devant la loi, selon qu'il s'agisse ou non d'un représentant de l'État. Confusion des genres d'autant plus important qu'au cours de votre discours, vous ajoutez bout à bout des exemples totalement incomparables. Rapprochements dangereux et inacceptables, entre un guichetier de la Poste se faisant insulter par un client énervé et un terroriste en fuite assassinant un policier en activité.
A quelle efficacité Nicolas Sarkozy en personne peut-il prétendre ici ? Sommes-nous naïf au point de croire que deux pays (Espagne et France), en guerre permanente avec L'E.T.A. depuis de nombreuses années, à l'aide des rapprochements et des ententes logistiques que l'on imagine, de manière continue, avec sérénité et application (à l'aide d'infiltration, écoutes...), attendent notre "Super Sarko national" pour aboutir à l'arrestation et la dissolution de l'ensemble de ce groupe de terroristes ? On croit rêver. Ou alors, dès que Monsieur Sarkozy aura identifié et arrêté une des personnes présumée coupable de ce meurtre de policier français, sa campagne anti-terroriste en sera terminée ? Cet objectif est certainement plus raisonnable médiatiquement et "électoralement".
A propos de ce fait divers, certes grave, mais hyper-médiatisé au demeurant, notre cher Président n'est pas à une disproportion prêt... Au cours de son discours, il se paie le luxe, comme nous l'indiquions plus haut, de comparer l'atteinte à la personne de manière physique, l'insulte et même le meurtre, à partir du moment où l'on distingue personne civile ou représentant de l'État. Dans la formulation, et c'est important, il prétend que "si l'on accepte l'insulte, alors on permet que l'on blesse"... ; "si l'on accepte que l'on blesse..." etc. jusqu'à faire un lien de causalité direct avec l'assassinat. Quelles que soient ses intentions, cette méthode est véritablement dangereuse et c'est la signature d'un pouvoir politique dangereux pour une démocratie. C'est une logique de l'amalgame à laquelle on assiste sans cesse. A un tel degré de responsabilités... C'est inquiétant. Et c'est sans compter sur une autre réflexion de notre Président en titre en direction de ce supporter du PSG mort ce matin après une période de coma. Certes, c'est une nouvelle fois terrible. Mais comment peut-on évoquer cette violence isolé concernant un policier tué par un terroriste basque et la mort d'un jeune supporter décédé des suites de ses blessures, après une rixe entre factions de fans qui n'en sont pas, et qui encore une fois, ne sont qu'une petite minorité de gens violents. Laissons les forces de l'ordre faire leur travail et donnons leur plutôt les moyens et la sérénité qu'ils réclament. Et, de grâce, ne demandons pas aux forces de l'ordre et aux politiques de régler tous les problèmes du monde ! S'ils le pouvaient, ils le feraient et ne se mettraient pas en scène face aux caméras pour parler de leurs intentions.
Tout le discours de Nicolas Sarkozy, ce matin, était, bien entendu, marqué par une attitude "compassionnelle" à souhait, devenue coutumière. Elle dénote un style politique qui s'inscrit bien dans la continuité. La politique du fait divers hyper-médiatisé, quand il ne s'agit pas de la politique, par réaction (et non par anticipation), du pilier de comptoir ou du people. En réalité, d'un triste assassinat d'un policier, dans l'exercice de ses fonctions, par un terroriste, lors d'un contrôle, Nicolas Sarkozy l'a transformé en un fait politique, une nouvelle quête du Graal, à multiples épisodes médiatico-politiques. Il pose même les jalons d'un nouveau programme de politique pénale et carcérale, avec cette volonté soudaine de créer des nouvelles échelles de peines "perpétuelles" (30 ans minimum de prison pour ces actes contre des agents d'État). De là à faire de la politique depuis l'Élysée, en lisant les pages centrales du Parisien, avant chaque Conseil des Ministres... Il n'y a qu'un pas... Que nous franchirons quand Monsieur le Président ?